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Encore deux jours à Delhi... et retour au continent vert
Jeudi 18 et vendredi 19 octobre
C'est l'arrivée dans le monde grouillant qui environne la gare. Bruit, agitation, pollution... Mais notre tuk-tuk nous amène vite dans l'univers plus aseptisé (relativement!) de la YMCA.
Le jeudi après-midi, nous visitons le Lotus Temple, un temple moderne construit par les adeptes de la foi Bahia. Nous sommes très étonnées d'y trouver un monde fou. Pour une fois, les visiteurs ne sont pas des étrangers, mais des Indiens (ce sont les vacances ici). Quelle foule, quelles couleurs! Ce sera bien triste de retrouver les ternes couleurs européennes - complets veston, jeans... Les saris sont si beaux! Quand au temple, il est magnifique, cette architecture est une réussite. Elle est particulièrement mise en valeur par le coucher du soleil.
Et encore du shopping...
...mais le sari, ce sera pour une prochaine fois!
Mais je vous en prie, Monsieur le Ministre
Imaginez-vous une gare, en l'occurrence celle de Jodhpur. Le bruit, la chaleur, la nuit, les odeurs et un sentiment d'incertitude. Est-ce le bon quai? est-ce le bon train? est-ce la bonne place? Aucun panneau pour vous rassurer, mais des gens partout. Nous entrons dans le train après nous être renseignées auprès d'autres voyageurs, nous trouvons nos couchettes, mais la liste affichée à l'entrée du wagon ne porte pas nos noms... Dans le doute, nous ne nous installons pas, attendant, l'esprit plus ou moins tranquille, que le train parte. Débarquent alors trois hommes portant des valises, qui entrent dans notre compartiment sans même nous saluer - mais où est la gentillesse indienne?-, font le lit en face de nous, y installent un monsieur, éteignent la lumière et tirent les rideaux. Nous apprenons alors que nous avons l'honneur de partager notre humble demeure d'une nuit avec l'ancien chief-ministre du Rajasthan. Le ministre en question, nous n'en aurons pas vu grand chose... des serviteurs, une belle kurta blanche, mais pas un regard. Une considération sans limites à l'égard des plus puissants et rien, absolument aucune politesse envers nous. Apparemment, nous n'avons pas tous la même notion du respect...
Remarquez bien que cette attitude est tout à fait exceptionnelle. D'habitude, on a plus de mal à finir une conversation qu'à la commencer!
Une journée à Jodhpur
Nous voulions voir quand même une autre ville du Rajasthan que Jaisalmer, même si le fait de rester longtemps au même endroit est très enrichissant car il permet des rencontres plus approfondies. Nous avons donc opté pour Jodhpur, qui est à 300 km de Jaisalmer, sur la ligne de train pour Delhi. Une visite y est impérative, celle du fort.
Vue sur le fort depuis notre hôtel. Des gens sont en train de peindre une maison en bleu
Contrairement au fort de Jaisalmer, les remparts de celui de Jodhpur ne contiennent pas une ville, mais "seulement" le palais des maharajahs de Jodhpur. La visite est très bien organisée, avec un audioguide qui nous permet de suivre la visite en français. Nous retrouvons la finesse des sculptures déjà admirée à Jaisalmer, ainsi que de magnifiques intérieurs. La vue sur la ville bleue est très belle. Pourquoi est-elle bleue, on ne le sait pas exactement; comme pour beaucoup de choses en Inde, il y a plusieurs versions... En tout cas l'effet est réussi!
Nous quittons Jaisalmer...
Eh oui, ce mardi, c'est le départ... Il ne nous reste plus qu'une journée à Jodhpur et deux à Delhi, puis ce sera le retour en Europe... une autre planète!!
Nous quittons avec émotion les amis arrivés ces derniers jours, surtout Pabu, Capucine et Mohan. Puis Geneviève et Sikander nous accompagnent à la gare. Maintenant nous continuons le voyage seules. Nous nous rendons compte que nous avons énormément appris sur la façon de se comporter en Inde et devrions bien nous en sortir...
Dernière séance à l'école; Pabu et Capucine
Ce lundi après-midi, c'est notre dernière séance de dessin à l'école. Cette fois, connaissant la situation, nous avons bien préparé notre leçon. Nous les faisons d'abord travailler sur le mélange des couleurs - bleu et jaune donnent vert, rouge et bleu donnent violet, etc. - puis nous leur demandons de colorier un mandala qu'Héloïse a dessiné et que nous avons photocopié. Les enfants sont bien concentrés et suffisamment occupés pour les deux heures!
Nous les quittons à regrets, mais peut-être y aura-t-il une suite en février?
Autre événement aujourd'hui: Pabu est revenu de Delhi avec Capucine et leur fils de 8 mois, Mohan, ainsi que Janine, la mère de Capucine. Mohan est un petit garçon adorable qui a l'air tout heureux de vivre.
Quel destin extraordinaire pour Pabu! Issu d'une des plus basses castes, il se retrouve à fréquenter - même très intimement! - des Européens et de ce fait est amené à manger et à dormir chez Fifu, qui est un brahmine, la plus haute caste! Il paraît que la première fois il lui a même baisé les pieds... Nous remarquons que Pabu et son cousin n'osent pas manger en même temps que nous, ils attendent que nous ayons fini. Même si les castes sont officiellement abolies depuis 1950 (la Constitution indienne interdit toute discrimination entre les groupes), les pratiques se poursuivent, du moins au Rajasthan (considéré comme plutôt traditionnaliste).
A gauche au fond, le cousin de Pabu; en face, Pabu, à côté de Capucine; devant à gauche, Geneviève et, à droite, Monique Gautier
Le temple de la religion et le temple de la nature
Journée chargée ce dimanche: Abishek nous a proposé de nous faire visiter les temples jaïns et l'après-midi nous prévoyons - quand même, la tentation était trop grande - un camel safari.
Les temples sont absolument extraordinaires. Là encore, une profusion de sculptures et de statues. Il faut dire que la pierre dorée de Jaisalmer se prête particulièrement bien à la sculpture. Quelle finesse! L'ensemble des cinq temples mériterait amplement d'être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO! d'ailleurs, apparemment, un groupe de personnes essaie de monter un dossier dans ce sens.
Pour finir la visite, Abhishek nous amène tout en haut du fort, où nous faisons une photo de groupe.
Le désert aussi est magnifique. Nous retournons à Khuri, où des chameaux nous attendent. Nous sommes accompagnés d'une Espagnole qui a épousé un Indien du Rajasthan. Chacun d'entre nous est accompagné d'un jeune, voire d'un enfant, monté sur la selle derrière nous. De temps à autre le chameau trotte, sans étriers, c'est difficile de ne pas se laisser secouer comme un sac de patates...
Le trajet n'est malheureusement pas très long pour aller jusqu'à la dune où nous attendent le coucher du soleil, puis le repas préparé sur place au feu de bois. Pendant ce temps nous nous allongeons pour admirer les étoiles et la Voie lactée, si belles à observer dans cet espace dégagé, sans lumière pour atténuer leur éclat.
On peut se demander pourquoi nous avons besoin de tant de choses en Occident, pourquoi nous ne pouvons pas nous contenter d'une vie plus simple...
Deuxième séance à l'école
Aujourd'hui nous retournons à l'école pour donner une deuxième séance de dessin. Connaissant un peu mieux les conditions matérielles et les capacités des élèves, nous nous sommes préparés. Nous voulons surtout leur faire travailler les couleurs et essayer de leur faire comprendre les dégradés; pour cela, nous leur demandons de peindre un arc-en-ciel. Certains y arrivent très bien, mais pour d'autres, passer en douceur d'une couleur à l'autre est difficile. Un peu comme les enfants occidentaux, ils sont plus habitués au trait et à la reproduction qu'à la surface et à la création.
A la fin de la séance, tout le monde semble content, aussi bien les enfants et Abhishek que nous. Les dessins préparés par Héloïse comme modèles sont très admirés et même affichés dans le bureau de l'école.
La fondatrice de l'école (elle l'a cédée à Ecoles de la Terre), son fils Abhishek, un membre de la direction et un professeur (fille de la fondatrice et soeur d'Abishek).
Haveli
Deux jours de desert
Mercredi matin, c'est le depart pour Khuri, village dans le desert au sud de Jaisalmer. Nous allons y visiter la premiere ecole ouverte par les Ecoles de la Terre. Pour y arriver, il faut faire des kilometres et des kilometres en jeep (sur une route goudronnee). Le paysage est magnifique; il y a quelques villages, des troupeaux de chevres et de moutons, des dromadaires... Khuri est assez touristique, avec plusieurs "resorts" qui accueillent les amateurs de "camel safaris".
Vue depuis le toit d'un "resort" (hébergement pour touristes) à Khuri
Mais nous, notre but est autre: nous allons visiter les écoles. La première s'appelle Nanufuji, en hommage à nos deux hôtes de la Fifu Guesthouse, Fifu et Jitu, qui ont contribué à sa fondation.
Comme les autres, cette école comprend trois classes alignees dans un batiment rectangulaire; les enfants sont assis par terre sur un tapis, chacun fait les exercices indiques par le maitre sur un cahier ou une ardoise, qu'il lui montre ensuite. Au tableau on peut lire l'alphabet et les chiffres en anglais et en hindi.
Nous rebroussons ensuite chemin pour aller a une autre ecole, Vidya Sagar. Celle-ci vient d'etre reconstruite en dur, preuve que son existence correspond bien a un besoin. Elle se dresse toute seule au milieu de nulle part, en fait entre deux villages.
La nous avons vraiment l'impression de nous retrouver plusieurs siecles en arriere: nous sommes accompagnes par deux enfants montes sur des anes, apparemment en route pour aller chercher de l'eau. Abhishek, le responsable des ecoles, nous explique que les enfants manquent souvent pour aider les parents a ce genre de petits travaux.
Nous rentrons a Jaisalmer, ou nous rencontrons Pabou, une connaissance de Genevieve, ancien chamelier, qui nous invite a prendre un the avec son ami japonais. Celui-ci fait une these sur la tribu a laquelle appartient Pabou et a passe plusieurs mois avec lui dans le desert.
Nous decidons de manger tous ensemble le soir a notre guesthouse, ou nous nous retrouvons a 8 autour de la table: 3 Japonais, 3 Europeennes, 1 Indien et 1 mi-indien mi-europeen. Vraiment des rencontres improbables, mais quelle richesse!
Et jeudi matin, nous repartons pour le desert, mais cette fois vers le nord: avec les Japonais, nous sommes invites a manger chez Pabou. La route longe au début une importante "ferme" d'éoliennes. C'est vraiment une excellente idée d'utiliser le désert et son vent quasi permanent pour produire de l'énergie. Comme quoi, en Inde, les archaïsmes côtoient la plus grande modernité...
Pabou vient de se construire une maison toute seule au milieu du desert, mais avec quelque chose de particulier: elle surplombe un tres grand lac! La aussi, c'est une rencontre improbable, entre l'eau et le desert... Suite a un accident mal repare, qui lui a coute cher, il a vendu ses chameaux et se lance maintenant dans l'agriculture. Il nous montre ses differentes cultures en nous amenant au bord du lac. C'est vraiment un endroit magnifique et nous comprenons fort bien ce qu'il nous ait dit hier soir: il ne se sent pas capable de visiter l'Europe, car il ne pourrait pas vivre enferme a l'interieur de vitres... Il n'est jamais enferme: sa maison n'a pas de vitres, il se deplace en moto ou parfois en jeep, toujours dehors, dans ces espaces immenses. Oui, dans nos petits pays europeens, nous sommes bien plus ou moins en prison et ne nous en rendons plus compte!
L'apres-midi nous allons a la premiere ecole que nous avons visitee a Jaisalmer. Le responsable a demande a Helo de donner quelques cours de peinture aux enfants; Sikandar a decide de l'accompagner; quant a moi, je dois trier des medicaments pour jeter ceux qui sont perimes et indiquer l'usage des autres. Ce n'est pas trop facile de peindre avec les enfants, qui n'ont que quelques crayons de couleur et pas l'habitude de faire des choses librement, ils sont plutot habitues a copier ce qu'on fait devant eux. Mais l'experience n'est pas negative et les nouveaux "professeurs" reviendront samedi (demain est un jour ferie, du moins pour les administrations - pas pour les commerces).
Poils et plumes
Mais l'élément central de ce paysage vivant est bien l'humain. Il n'a pas encore été détrone par la mecanique. Bien sur, il y a quelques voitures et bus, et surtout d'innombrables motos et tuk-tuk. Mais l'auteur principal de tout travail, c'est encore l'homme lui-meme. Ce qui frappe, c'est l'absence d'instrument d'aide a la construction: les hommes portent eux-memes les lourdes et magnifiques pierres locales, soit a deux en les suspendant a un baton qu'ils posent sur leurs épaules, soit en se mettant a six autour d'une seule pierre; il n'y a pas de grue. Ils ne tirent pas profit des roulettes dont est dotée maintenant toute valise digne de ce nom, ils posent la valise sur la tête!
Deux tailleurs de pierre
Dans la soirée nous nous promenons aux environs de la Fifu Guesthouse et rencontrons des gens des villages. Tous sont toujours prêts à parler avec nous (mais la plupart ne parlent pas anglais et c'est difficile!), à se faire prendre en photo... Nous sommes même invités pour finir dans le village d'un jeune que nous avions déjà rencontré dans la rue et qui, lui, parle un peu anglais. Le village est simple, mais très propre; il comporte plusieurs maisons qui appartiennent aux différentes branches de la famille. Nous finissons par une photo-souvenir...
Inde, pays incroyable!
Par Héloïse. Extraits de mon carnet de voyage:
Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir fait un pas en avant dans cet univers étonnant qu'est l'Inde. Alors que la journée d'hier a été consacrée au shopping et au blog, ce lundi a été un jour d'expériences et d'émotions.
Nous avons visité la dernière-née des Ecoles de la Terre, qui se trouve au nord de Jaisalmer, dans les quartiers pauvres. Vers la fin la route n'est plus goudronnée et les maisons sont faites de terre (mélange de bouse, de sable et d'eau), de branches et de bâches. Le cadre est très beau, dans les hauteurs de la ville, la végétation et le sable doré donnant un aspect idyllique à l'endroit.
Mais je n'ose imaginer ce que devient ce quartier pendant la mousson... la route de sable doit devenir un marécage mêlant les ordures - toujours présentes en Inde - aux déjections dans lequel pataugent les enfants. En effet, certains ne vont pas à l'école car ils doivent aider à la maison. Ce sont généralement des sans-papiers, gitans ou réfugiés pakistanais, ou des intouchables. Grâce à Ecoles de la Terre, ils disposent à présent d'une école qui les accueille du jardin d'enfants à la 4e classe (cm1). Il y a autant de filles que de garçons, ce qui est très réjouissant quand on pense au rôle de la femme dans ce milieu. On ne voit qu'elles dans les "rues", vêtues de manière traditionnelle: saris très colorés et plein de bijoux. Elles vont chercher de l'eau ou alors de la bouse (bon combustible), s'occupent des enfants, de la maison...
Les filles sont les moins timides et viennent plus rapidement nous faire corriger leurs exercices. On les sent pleines de vitalité et d'envie d'apprendre. Il reste à espérer qu'elles puissent continuer leur scolarité, une maladie, un besoin de main d'oeuvre ou même un mariage pouvant les en empêcher...
L'après-midi, nous passons plus d'une heure chez Om, le bijoutier. Les Indiens s'ont capables d'affirmer l'origine d'un touriste d'après son physique. Théorie vérifiée lorsqu'un couple se penche sur l'étalage sans avoir dit un mot et qu'Om et son frère les saluent d'un "shalom" retentissant. C'étaient effectivement des Israëliens...
Dimanche 7 octobre 2007
Sikandar et Héloïse dans un magasin de "textiles"
Aujourd'hui, il n' y a pas ecole. A part ça, c'est une journee comme les autres: toutes les boutiques sont ouvertes, et nous en profitons pour aller voir les bijoux, les vetements et les tissus. Les gens sont incroyables: ils se souviennent tous immediatement de Genevieve! Et tres ouverts, toujours prets a discuter - plus ou moins faciles a comprendre par ailleurs...
Un beau tailleur dans une rue...
Première visite aux écoles
L'école Satya Devi
Samedi, nous allons dans la première des écoles de l'association Ecoles de la Terre.
Celle-ci se trouve au centre de Jaisalmer, dans un quartier absolument pas touristique. Nous avons assisté aux cours d'anglais, de maths et de hindi... bien sûr, corriger le hindi nous a apporté quelques difficultés! Sinon, la curiosité a rapidement pris le dessus sur la timidité et les élèves nous ont beaucoup sollicitées, ce qui nous a fait très plaisir.
Une classe de Satyadevi
Jaisalmer Express et Fifu Guesthouse
(Cette fois-ci, on a un ordi avec accents. Net progrès!!!)
L'embarquement à la gare est épique: le père de Sikandar nous accompagne; il commande pour nous les porteurs, qui portent nos valises jusque sur le quai. Et c'est le départ..
Des kilomètres de bidonvilles le long des voies, dans les ordures... Ce côté-là de l'Inde est difficile à supporter.
La nuit tombe, nous nous installons dans notre wagon couchettes 2e classe: chaque compartiment de 4 personnes est fermé par un rideau, et il y a en plus 2 couchettes en face, le long de la paroi. C'est ce que nous avons. Pas large, mais assez confortable quand on est bien camouflé derrière son rideau. Après un "copieux" repas, nous lisons, puis tentons de dormir...
Le lendemain matin, reveil à 7 h à Jodhpur. C'est déjà le désert, que nous continuons à traverser à petite vitesse jusqu'à Jaisalmer, où nous arrivons vers 15 h. Soit 300 km en 8 h.
Arrivée à la gare de Jaisalmer: Geneviève, Hélo et Sikandar
Nous logeons à la Fifu Guesthouse, une belle maison récente à l'extérieur de la ville.
Comme la maison est toute en hauteur, on a une vue magnifique sur le fort de Jaisalmer.
Pour une nuit, nous sommes hébergées dans une chambre d'hôtes à l'intérieur de la citadelle, au Monsoon Palace. La chambre est magnifiquement décorée!