L'oeuvre des paysans

Mercredi 3 novembre (suite)

La balade d'aujourd'hui, si elle m'a ravie d'un côté, m'a attristée de l'autre. Car j'aime les maisons et les prés, et je supporte mal de voir des maisons en ruines et des prés abandonnés. Or là il y avait les deux, et en quantité...
























Tout cela, y compris ce magnifique chemin encore en bon état, est l'oeuvre des paysans - de générations de paysans, qui ont su tirer parti au mieux de tout ce que leur donnait la nature sur leur lieu de vie. Ils en ont fait, outre les chemins, des rigoles, des prés tout lisses, des granges, des moulins, des murets (comme disait Jean Ferrat...). Et il suffit que vienne la "modernité" pour que, en une trentaine d'années au plus, cette oeuvre de quelques siècles disparaisse.



Les rigoles sont bouchées, l'eau, quand elle coule encore, se répand aux alentours.



Les prés - même des prés plats, proches de la grange - sont envahis par la végétation, fougères, arbres drus.










Les granges... Ces merveilles! Mais quelle tristesse! Elles aussi disparaissent sous la végétation.












Les toits s'écroulent peu à peu, après avoir été rafistolés tant bien que mal.




D'autres connaissent un sort plus brutal: les frênes, qui poussent désormais en vain et sans limites, finissent par trop grandir et s'écrouler sur elles





Au fond, une fois de plus, l'argent appelle l'argent. Le patrimoine culturel reconnu est celui qui avait été créé par des riches: châteaux, manoirs, parcs, jardins à la française... C'est celui qui, maintenant, est fréquenté et visité par les riches (surtout). Et c'est celui qui continue à bénéficier des millions de subventions. Je ne dis pas que ce n'est pas justifié. Mais si on parle d'oeuvre pour les grands peintres, pourquoi ne parle-t-on jamais d'"oeuvre" pour les paysans? Eux n'ont droit qu'au "labeur" (dur, généralement). Et pourtant quelles merveilles ils n'ont cessé de créer dans toutes les campagnes et toutes les montagnes du monde! La Terre ne serait tout simplement pas vivable sans l'oeuvre des paysans; elle le serait sans les châteaux, même si certains diront que non.

Alors oui, on peut parler d'oeuvre des paysans, et leur oeuvre devrait être préservée au même titre que celle des riches. Eux pourtant n'auront aucune aide, pas un centime; chaque famille devra se débrouiller seule, et tant pis si le rouleau compresseur de l'économie moderne détruit tout leur patrimoine sur son passage... Des citadins rachèteront quelques ruines pour en faire des résidences secondaires; le bâti reste, mais la culture est perdue.

1 commentaire:

lg a dit…

J'y suis passé au printemps dernier pour faire le Cabaliros, depuis St Savin.. dur dur..

et en effet très triste ces granges.